Affaire Plaza : les enseignements à tirer pour les franchises
L’impact de la condamnation de Stéphane Plaza dépasse largement la sphère médiatique. Il touche directement l’activité de son réseau immobilier et soulève des questions de fond pour tout modèle de franchise reposant sur une figure publique.*

Une franchise n'est jamais à l'abri d'un scandale
L'affaire Plaza illustre les effets en chaîne que peut entraîner le comportement d'un individu – franchiseur, franchisé ou partenaire – sur l'ensemble d'un réseau. « C'est un cas d'école, notamment pour les enseignes à nom patronymique », note François-Xavier Awatar, avocat associé chez CMS Francis Lefebvre.
Marques patronymiques : entre opportunité et fragilité
Afflelou, Feuillette, Jean-Louis David, Yves Rocher... Nombre de franchises sont liées au nom de leur fondateur. L'intérêt est évident : notoriété immédiate, image rassurante, visibilité accrue. Les franchisés du réseau Plaza en ont largement bénéficié, tout comme ceux d'Afflelou à l'époque où le fondateur portait encore la publicité.
Mais cette stratégie comporte un risque majeur : celui de voir la marque fragilisée par un scandale personnel. « En cas de dérapage, le nom devient un fardeau », prévient Me Awatar. Plusieurs agences Plaza ont vu leur chiffre d'affaires chuter, certaines ont été dégradées.
Une dépendance juridique limitée mais pesante
Que peuvent faire les franchisés quand la marque est ternie ? Pas grand-chose, d'un point de vue juridique. « Une atteinte à la réputation ne suffit pas à résilier un contrat », rappelle Olivier Mignot de Franchise Management. Et si certains franchisés souffrent, d'autres continuent de performer. Dès lors, comment prouver un préjudice collectif ?
La plupart des contrats n'incluent pas de clause de sortie en cas de scandale. En revanche, ils prévoient parfois un droit du franchiseur à changer le nom de l'enseigne — une décision lourde de conséquences : coûts de rebranding, communication locale, accord des franchisés...
Vers une nouvelle marque : "Sixième Avenue"
Face à la grogne, M6, actionnaire majoritaire de SPI, a envisagé plusieurs scénarios : altérer légèrement le nom ("Plazza", "Pllaza"), ou repartir de zéro. Le 17 avril, le président Gilles Charon annonçait au Figaro le lancement d'une nouvelle marque, Sixième Avenue, disponible dès mai 2025. Les franchisés pourront l'adopter, sans surcoût sur leur redevance.
Croissance rapide : le revers de la médaille
Le succès de SPI repose aussi sur une croissance fulgurante : 700 agences ouvertes en dix ans. Mais cette course à l'expansion a-t-elle compromis la solidité du réseau ? « Un développement trop rapide fragilise toujours un réseau », alerte Olivier Mignot. La notoriété de Stéphane Plaza a sans doute accéléré le recrutement, au risque de brûler certaines étapes.
Conclusion : une célébrité n'est pas une garantie
L'affaire Plaza rappelle une vérité simple : une franchise doit être bâtie sur un savoir-faire, pas uniquement sur une image. Quand celle-ci vacille, c'est tout le réseau qui tremble. Avant de rejoindre une enseigne incarnée par une personnalité, les candidats doivent évaluer les risques autant que les avantages.
*Stéphane Plaza a été condamné pour violences conjugales le 18 février 2025. Il a fait appel.
Par la rédaction d'AfriqueFranchise.com